Émission EJE SQUARE de février 2020
Référence "Lettre à mon bourreau"
1- Qu'est-ce que sont les violences conjugales?
Il y a plusieurs types de violences conjugales
Les violences psychologiques : insultes, menaces, harcèlement au téléphone, chantages, dénigrements, mépris…
Les violences physiques : coups, gifles, brutalités, séquestration, mariage forcé., etc.
Les violences sexuelles/sexistes : pratiques sexuelles imposées, prostitution forcée par le conjoint, etc.
Les violences économiques : subtilisation des courriers, privation des moyens de paiement, contrôle des dépenses, interdiction de travailler, confiscation des papiers d'identité, etc.
2- Définition de l'Organisation des nations unis
L'ONU a définit en 1993 les violences faites aux femmes. Elles "se définissent comme tout acte de violences dirigé contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée."
3- Les constats 2016
1 décès tous les trois jours
123 femmes tuées dont 109 au sein d'un couple officiel
29 hommes tués (dont 8 étaient auteurs de violences conjugales
11 victimes collatérales et rivaux (amis ou familles qui ont voulu s'interposer et autres)
Sur 215 000 femmes questionnées et qui déclarent être victimes de violences conjugales : 24% ont consulté un médecin ; 19% ont vu un(e) psychiatre ou un(e) psychologue ; 19% se sont rendus auprès de services sociaux ; 19% au commissariat.
4- Mécanismes de la violence
- "Petit nuage"
- Emménagement rapide
- 1ière claque : "excuse moi" dans l'immédiat. Propos de la victime "j'ai pardonné. C'était ridicule".
- "Impression qu'il a raison quand il frappe. C'est moi qui ai tord"
- Jalousie vis à vis des amis hommes et femmes : coupe les relations, isole sa victime
- Pour la victime, les paroles sont "le plus dur à encaisser". Elle "aurait préféré les coups"
- contrôle de l'argent
- rapports sexuels forcés
5- Impact sur l'enfant
En 2016, 25 enfants sont décédés, dont 9 tués par leur père en même temps que leur mère.
Les conséquences psychologiques chez l'enfant sont réelles. Il n'est considéré comme témoin mais comme victime car la violence dont l'enfant est témoin a les mêmes répercussions que s'il était la victime directe.
Un enjeu majeur dans un contexte de violences conjugales est le lien d'attachement entre le parent et l'enfant, qui risque d'être entravé. Si la figure d'attachement principale est la mère et qu'elle subit de la violences conjugales, il est probable que, envahie par un état de stress et d'hypervigilence constants liés à la peur des représailles, elle ne soit plus ou peu disponible psychiquement pour son enfant. Les réponses apportées aux besoins primaires de l'enfant (de soins, d'alimentation, d'hygiène) peuvent être irrégulières, voire manquantes. De même que pour la réponse au besoin affectif, ce méta besoin si nécessaire au développement global de l'enfant puisqu'il est à la base de la sécurité affective. les réponses aux besoins ne surviennent que ponctuellement, et/ou de manière irrégulière, et donc elles ne peuvent apporter de contenance et de sentiment de protection chez l'enfant.
La projection régulière de l'état de stress de la mère sur l'enfant, et l'impact du stress sur le développement cérébral de l'enfant sont à mettre en exergue. Les neurosciences nous éclairent fortement sur ce sujet.
Des éléments complémentaires sont à retrouver dans la seconde émission EJE SQUARE qui abordera la thématique principale des ÉMOTIONS.
6- De la sensibilisation
Travailler sur les stéréotypes de sexe dès le plus jeune âge (école, centres de loisirs, Etablissements d'Accueil du Jeunes Enfant,...) : ces stéréotypes de sexe se mettent en place dès le plus jeunes âge et influent sur la manière dont les garçons et les filles construisent leur identité et leur personnalité au fil du temps.
Les professionnels : juristes, police, services sociaux, éducation nationale, professionnels de santé : formation commune, cadre d'intervention, cadre d'accompagnement, langage commun, soutien...
Le repérage précoce et l'anticipation permettent de prévenir la dégradation de la santé de la victime.
Il existe des outils de sensibilisation et de repérages des violences conjugales comme le thermomètre des violences conjugales ou encore la "roue des violences" présentée par le secrétariat d'Etat chargé de l'égalité entre les hommes et les femmes et de la lutte contre les discriminations.
Merci Madame VOLPI de partager avec nous votre avis. Cette notion de confusion que vous abordez est extrêmement importante. La victime ne sait plus si elle a raison ou tort, elle se remet tout le temps en question, ne distingue plus le faux du vrai, du bien ou mal... tout cela initié par le bourreau. Cette confusion dans ce qui est de l’ordre de sa responsabilité ou non, amène la victime à supporter l’insupportable en le niant et se dissociant de ses propres émotions.
Merci d'apporter de tels éléments pour les victimes et notamment le violentomètre qui est un indicateur fort. Le climat de confusion qui règne dans les violences congugales est tellement prenant que la victime ne sait plus distinguer la réalité de ce qu'est une relation saine, d'une relation dysfonctionnante; d'autant plus que le bourreau manipulateur s'efforcera toujours de maintenir par la provocation, un sentiment de culpabilité chez la victime, en lui rappelant sans cesse ses erreurs. On se sent coupable de quelque chose, au plus profond de nous; alors on est prêt à endurer 'une punition", une forme de subordination. Inconsciemment, on se punit et on laisse tout pouvoir à l'autre qui devient notre juge et bourreau à la fois.